Ne rien dire ou mourir ?

Pour ce nouvel article après plusieurs mois de « silence » j’ai intentionnellement choisi un titre un peu brut. Cela fait un moment que je réfléchi à cet article, à comment le tourner, comment partager non pas uniquement pour vider mon sac mais aussi pour apporter (peut-être) quelque chose à mes lecteurs, ce qui est le but de mon blog après tout !
J’ai toujours vu mon blog comme un partage qui soit surtout bénéfique pour vous qui me lisez: Essayez de vous donner mon propre éclairage de cette période mais surtout des astuces et de la positivité autour de tout cela.
C’est pas toujours simple car NON la vie n’est pas (toujours) cool avec nous mais j’ai toujours eu un caractère allant de l’avant donc GO.

Ceci étant dit, allons dans le cœur du sujet du billet.
Nous avons, contrairement aux chats, qu’une seule vie, unique. Néanmoins, celle-ci pour moi se décompose en 3 vies distinctes mais entièrement liées:
– La vie de notre corps (physique)
– La vie privée sociale avec nos proches (amis, famille etc.)
– La vie professionnelle
Elles fonctionnent ensemble mais sont dissociables. Je m’explique par l’exemple:
Le plus simple est la dissociation entre la vie privée sociale avec nos proches et la vie professionnelle. Facile, on peut travailler et n’avoir rien en commun avec nos collègues. Même si on s’entend bien avec nos collègues au bureau, on ne se voit pas forcément aller boire des verres avec tous après le boulot ou même partir en vacances ensemble (question d’affinité etc).
La dissociation se fait aussi avec notre vie physique: Imaginez, vous avez une indigestion. Cela arrive. Ce n’est pas pour cela que vous préviendrez toutes les personnes de votre open space ou vos amis sur les aller/retours aux toilettes !
Mais voilà, ici nous parlons de la vie physique dissociable lors d’un pépin « minime » de santé. Quand celle-ci déraille complètement, comme dans le cas d’un cancer (oula le mot qui tue), et bien les autres vies partent avec…

Mais alors, pourquoi ce titre « ne rien dire ou mourir? »

Déjà, nous pouvons rapidement dire que cela est faux voir une hérésie lorsque cela concerne la vie physique et santé. Refuser de voir que quelque chose ne va pas, de ne pas en parler à ses médecins, c’est parfois mourir.
Dans mon cas, c’était réellement le cas. Dans le cas d’un cancer gynéco, aller chez une gynéco tous les ans est essentiel et vital pour diagnostiquer un problème le plus tôt possible. Et même alors que j’allais chez la gynéco tous les ans, que j’étais suivi par un gastro-entérologue, mon cancer n’a été diagnostiqué qu’en stade très avancé 3c*. Aujourd’hui j’ai le privilège d’être en rémission depuis un an avec des résultats plus que très encourageant sur le fait qu’on s’en est définitivement débarrassé, enfin j’espère (youhou!)
Donc NON, ce titre n’a aucun sens dans ce cas précis de la vie physique et donc de la santé. Il ne faut jamais hésiter à consulter si un problème se fait ressentir.

Donc évacuons le « ne rien dire ou mourir » pour la vie physique. Passons maintenant à la vie sociale avec nos proches, amis etc.
Le « Ne rien dire ou mourir » peut, d’après mon expérience, malheureusement se vérifier. J’ai eu beaucoup de chance: une famille hyper présente, une Dream Team d’amis au top. Cela s’est plutôt vérifié sur les amis/connaissances. Ce que vous fréquentez assez souvent mais avec lesquelles vous ne vous verrez pas forcément partir en vacances, ou voir tous les jours. Nous ne parlons pas ici de mort physique (traitée dans la vie physique) mais de mort d’amitié. Certains n’arrivent pas à gérer l’information. Le mot cancer tue. Cela fait peur, et ils n’arrivent pas à passer au dessus de cela. La phrase la plus marquante pour moi à ce sujet est la fameuse: « J’avais peur de te voir car j’avais peur de te voir malade ». Clairement, quelque chose est mort ici. Il ne fallait peut être ne rien dire. J’avais la « chance » (j’aime pas ce mot) que cela ne se voit pas trop… Une perruque idéale, un bon maquillage et je faisais illusion ! J’ai vu des personnes sans quelles se doutent une seule seconde que j’étais malade et c’était le but.
Maintenant, cela ne concerne qu’une petite population et surtout des « connaissances » plutôt que des amis. Mes amis proches ont toujours été très présent même dans les moments difficiles.
En ce qui concerne le couple, c’est aussi différent. J’étais célibataire au moment du diagnostic. Aujourd’hui, il faudra composer les futures rencontres avec ce nouveau corps un peu mutilé (laparotomie bonjour) et avec ce poids de ne plus pouvoir porter d’enfant. Je n’ai rien contre l’adoption au contraire… Il va falloir composer par contre pour que cette info ne soit pas un poids pour moi et pour la suite. Dans ce cas, « ne rien dire » ne fonctionne pas. Et si dire quelque chose fait mourir la relation, c’est qu’elle n’en valait pas la peine.

Donc, si je résume: Le titre ne marche pas pour la vie physique, et sur certains cas dans la vie sociale… Mais qu’en est-il pour la vie professionnelle.

On serait tenter de dire: OUI, il ne faut rien dire ! mais est-ce si facile ?
On l’a vu un peu plus haut, quand la maladie vient s’inviter dans ces plus grandes dimensions, tout le reste est en stand by et notamment la vie professionnelle qui peut s’arrêter nette, ce qui était mon cas: Grosses chimios, grosse opération, des mois pour se remettre de tout cela.
Un arrêt de travail aussi long, c’est peu courant. Dans mon domaine, on pense tout de suite au Burn Out. Je n’avais pas très envie que cela soit le cas.
ATTENTION: ici je vais parler de mon cas personnelle, tout ne se passe pas toujours comme cela et heureusement.
Donc l’annonce est tombée: Cancer, 6 mois de gros traitements et grosse opération (plus un an de traitement léger). Je suis à cette époque manager d’une équipe et j’ai un nouveau chef arrivé un petit mois plus tôt. Dans ces conditions, compliqué de ne rien dire. En tout cas, cela l’était pour moi. Une semaine plus tard, l’annonce entraîne un arrêt qui ne sera pas de quelques semaines mais plutôt de quelques mois. J’en parle dans un premier temps à mon chef en lui demandant de garder l’information pour lui. La seule information que je souhaite partager est que cela va durer un petit moment pour permettre à l’équipe de s’organiser. Puis, quelques jours après, on me remonte qu’un collègue dit savoir que j’ai un cancer à la machine à café. L’information m’échappe. Je ne veux pas que mon équipe l’apprennent comme cela. Mon entreprise est donc au courant, par la force des choses, par mon honnêteté.
Les mois passent… Je suis concentrée sur ma vie physique qui a pris 95% de mon temps (les 5% restant sont pour ma vie sociale, amis et famille). Un petit pour-cent par moment me ramène à ma vie pro entre des primes réduites et l’embauche d’une nouvelle personne.
Je le sais, quand je serai sortie de cette vie à 95% physique, il sera compliqué de reprendre ma vie pro comme elle était avant. Cela va se confirmer quelques semaines après ma rémission et s’enchaînera sur des mois de négociation d’un départ.
Des mois de négo… Je n’ai pas voulu lâcher. C’était important, et même vital ! Je ne pouvais pas « mourir » sur ce point ! J’avais déjà trop perdu pendant ces derniers mois. Pour le reste, j’ai parlé, j’assiste à la « mort » de mon statut d’avant.

Et maintenant ? Il faut trouver un nouveau projet pro.
Mais comment parler en entretien de son travail précédent tout en cachant que cela fait des mois que l’on a pas travaillé ? Et pourtant, on se sent bien plus impliquée et pleine d’envie que l’on ne l’était avant de tomber malade. On est plus vivante qu’on ne l’a jamais été !
C’est pas simple. L’exemple pour moi sera sur un poste qui, après plusieurs entretiens, déclenchera une promesse d’embauche. Ma négo est sur le point de se finir avec mon ancienne entreprise mais décale un peu le début de ce nouveau contrat. Par souci d’honnêteté, je partage mes déboires sur ma négo de mon entreprise actuelle avec mon futur employeur qui se trouve visiblement très compréhensif. Enfin c’est ce que je croyais… Je lui dis que je ne suis pas pleinement en poste mais en négo de départ… Suspicion, jugement hâtif de la situation… Bref, ce poste ne sera pas la suite.

Au final, ce n’est pas un mal car je ne m’y serais pas sentie à ma place. Une erreur de casting, cela arrive en recrutement.
Est-ce que si j’avais l’opportunité, je le referai de la même manière ? En partageant ma négo de sortie ? Oui, je ne regrette pas d’avoir été sincère sur ce point. Au delà de cela, ce poste n’était pas pour moi.
Même si parfois, pendant une seconde, je me dis que j’aurai dû lui dire que j’ai été malade, je reviens TRES vite à la raison: NON cela n’appartient qu’à moi, et ne me définira pas dans le futur (Non non non non!).
Donc, « ne rien dire ou mourir »… Dans ce cas OUI certainement… Mais paradoxalement, je n’aurai pas fait autrement si on me donnait l’opportunité de rejouer le match.
Drôle non ?
Pour le suite, NON, je ne dirai rien ou plutôt différemment.

Le cancer tue.
Il peut tuer une vie physique (heureusement, j’en réchappe !)
Il peut tuer une vie sociale (au revoir certaines amitiés, relations dîtes toxiques…)
Il peut tuer une vie professionnelle (au final, c’était peut être nécessaire ?)

Je n’ai pas vraiment de conseil à donner sur le dire ou pas… Je suis comme vous, je cherche, tâtonne, et essaie de m’en sortir au mieux.
Ce que le cancer a tué chez moi devait certainement être fait pour continuer sur autre chose (hors la possibilité de porter un enfant, ca NON)…
Il ne reste plus qu’à repartir…
Même si parfois, pendant une seconde, je me dis que j’aurai du lui dire que j’ai été malade, je reviens TRES vite à la raison: NON cela n’appartient qu’à moi, et ne me définira pas dans le futur (Non non non non!).
Donc, « ne rien dire ou mourir »… Dans ce cas OUI certainement… Mais paradoxalement, je n’aurai pas fait autrement si on me donnait l’opportunité de rejouer le match.
Drôle non ?
Pour le suite, NON, je ne dirai rien. Je parlerai certainement d’une période de pause pour faire des choses dont j’avais envie… Je trouverais.

Le cancer tue.
Il peut tuer la vie physique (heureusement, j’en réchappe !)
Il peut tuer la vie sociale (au revoir certaines amitiés, relations dîtes toxiques…)
Il peut tuer une vie professionnelle (au final, c’était peut être nécessaire ?)

Je n’ai pas vraiment de conseil à donner sur le dire ou pas… Je suis comme vous, je cherche, tâtonne, et essaie de m’en sortir au mieux.
Ce que le cancer a tué chez moi devait certainement être fait pour continuer sur autre chose (hors la possibilité de porter un enfant, ca NON)…
Il ne reste plus qu’à repartir…

*Cancer des ovaires de bas grade stade 3c: Petite explication rapide et simplifiée sur les stades. Un cancer a, dans la plupart des cas (il existe autant de cancer que de personne), 4 stades du plus « soft » (stade 1) au plus compliqué et avancé (stade 4) et pour chaque stade des « sous » stades d’avancée. Dans mon cas, le stade 3c était le dernier stade avant la métastase (stade 4) qui devient extrêmement compliqué à gérer. On parle même pour le stade 4 de cancer chronique (très loin d’une possible guérison).

Laisser un commentaire