Perceptions et décalages

La perception de la maladie est différente selon les personnes et leur niveau d’implication entre le malade, sa famille, ses proches…
Comme me l’a expliqué ma psy à la fin des traitements, je suis « un cas thérapeutique très intéressant » car pour elle, j’ai sorti toute l’émotion dans cette épreuve pour ne garder que la part rationnelle, du coup je suis restée sereine jusqu’au bout. Je suis consciente que c’est une grande chance car j’ai toujours gardé le cap.

Mais du coup, j’ai souvent été étonnée de la réaction de mes proches surtout au début concernant la maladie.
Comme évoqué dans d’autres posts, j’ai pris la maladie de façon assez froide dès le début. « Votre côté rationnel vous a sauvé dans cette épreuve ».
Dès le début, je prenais les choses les unes après les autres, en sortant tout l’émotionnel. Je n’ai par exemple à aucun moment douté sur le fait de guérir (alors ne parlons même pas de la mort). La seule question c’était combien de temps cela allait durer ?

Du coup, il y a eu pas mal de décalage avec mes proches. Le mot « cancer » fait peur, très peur…

J’ai souvent eu des retours au début quand j’expliquai ce que j’avais du style:

« Et bien tu le prends très bien »
« Je te trouve vachement positive »
« Tu as l’air très en forme »
ou même « J’avais peur de te voir, j’avais peur de te voir malade alors que tu n’en a pas l’air du tout! »

Mais pourquoi les gens veulent que je sois déprimée ???
Oui c’est une épreuve, mais je suis très bien prise en charge, on va me soigner, certes je vais perdre quelques plumes mais à quoi servirai de s’effondrer ?

C’était très perturbant, surtout quand j’entendais certains médecins me dire « je vous trouve particulière bien sachant ce qui vous arrive ».
C’est presque déprimant! Devrais-je m’en faire plus ? J’ai pris le parti de répondre NON à cette question 🙂

C’est difficile car cela montre que nos proches sont inquiets (je sors la famille qui est forcément beaucoup plus angoissée que nous malade).
Et un proche inquiet, il faut le gérer alors que nous même, nous avons à gérer la maladie tous les jours. Rassurer ses proches…
Bon clairement, il y a certains moments où on ne peut rassurer personne et quand on le peut, on sélectionne qui, sinon on y passerait la journée !

Au tout début, lors d’un apéro chez un collègue, certains collègues étaient au courant mais pas tous et donc se sont étonnés de plus me voir au bureau. Un collègue me demande si c’est « grave ». Je n’ai pas su répondre. Est-ce que c’est grave un cancer à ce stade? Certainement, mais pas pour moi là tout de suite.
Lors du nouvel an, un couple d’ami n’était pas au courant. Mes défenses immunitaires étaient au ras des pâquerettes du coup on ne fait la bise à personne. L’amie qui n’était pas au courant me dit: « tu es malade? », instinctivement, je lui ai répondu « non » alors que j’avais eu une séance de chimio 4 jours avant! C’est ma meilleure amie qui m’a repris en disant « euh si en fait! ».
Le cerveau ne suit pas toujours.

De mon côté, j’ai eu beaucoup de chance car ma mère, très positive, a toujours été là, même pendant les moments où je ne pouvais rassurer personne, surtout dans ces moments là d’ailleurs.

Il y a des tonnes de réactions différentes. Le but était surtout de ne pas me laisser envahir par les angoisses des autres, surtout quand ce sont des angoisses que je n’avais pas à la base.
Il faut surtout se protéger en cette période particulière.

2 commentaires sur “Perceptions et décalages”

  1. Je vis mon combat de la même façon que toi et j’ai les mêmes retour aussi. Tout mon entourage et autre me disent qu’ils sont impressionnés de voir avec quelle positivité je vis mes traitements et tout le reste. Et ça me fais la même sensation que toi. La déprime ne fera pas avancer plus les choses alors autant la laisser de côté.
    C’est un état d’esprit qui nous permets de vivre un peu mieux les choses.

    1. C’est ça ! Comme le dit si bien ma psy « votre pragmatisme vous sauve! », cela ne sert à rien de se morfondre. La situation est ainsi, faut avancer. Mais c’est aussi un postulat pas toujours facile à avoir. Il faut aussi accepter ses périodes de déprime.

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