Le cancer « vu » par les proches

C’est un gros sujet pour nous, malade: comment vont réagir les proches ? Comme évoqué dans les posts famille et cercles d’amis, j’ai eu beaucoup de chance car tout de suite très accompagnée et ceci à chaque instant ou événement autour de la maladie.
Mais voilà, c’est une étape également extrêmement compliquée pour les proches qui ne vivent pas toutes les étapes de la maladie constamment avec nous : Va-t-elle réellement bien ? Comment dois-je réagir avec elle ? Que dois-je lui dire pour la rassurer ? Est-ce que je ne vais pas la déranger ? et surtout, voir cette amie malade peut être extrêmement compliqué à vivre.

Du coup, quand j’ai décidé d’écrire ce blog, j’ai demandé à mes amis de la « dream team » (cette petite team qui m’a accompagné du diagnostic à la rémission et bien après!) d’écrire un témoignage pour ce blog. Comment ont-ils vécu cela ?

Voici donc un premier témoignage de « proche », ma meilleure amie:

On est amies depuis plus de 20 ans. Il ne se passe pas une journée sans que l’on s’envoie au moins un message. Nous partageons une anecdote, un fait marquant, des photos etc…
Aussi, ce soir d’octobre lorsque mon portable a sonné pour m’alerter que j’avais un nouveau message, je ne pensais pas que j’allais sursauter à chaque sonnerie par la suite. Le diagnostic n’était pas encore posé mais il flottait dans l’air. Ce que je veux dire par là c’est que rien n’était sûr mais il y avait ce pressentiment, mauvais pressentiment que la masse découverte n’était pas bénigne. Elle a très vite été prise en charge et j’ai vécu cela avec elle, au travers de ses messages. Au fur et à mesure des examens, je ne voulais toujours pas y croire. Parce que le mot fait peur, parce que chaque fois ou presque, lorsque je l’ai entendu il était associé à la mort. Nous avons le même âge, à quelques mois près, je ne voulais pas croire que cela puisse tomber sur elle. Pourquoi elle ? Pourquoi à son âge ? A 32 ans on a encore la vie devant soi.
Mais pourtant le mot est tombé très vite, le cancer. J’ai accusé le coup, car même si ce n’était pas moi qui était malade, cela me touchait tout autant. J’ai eu besoin d’en parler à mon entourage le plus proche, qui m’a un peu rassurée car nous avons la chance de vivre dans un pays développé et dans lequel, quelque soit notre salaire, les soins sont pris en charge. Mais cela reste toujours très angoissant.
Tous les rdv se sont ensuite enchaînés, afin de savoir à quel stade en était le cancer, afin de savoir ce qui pouvait/devait être fait. J’ai suivi ça « à distance » par messages interposés. J’aurais voulu être un peu plus à ses côtés mais je ne pouvais pas et puis elle était avec sa maman qui est beaucoup plus forte que moi émotionnellement. J’aurais pu m’écrouler en larmes dans le cabinet d’un spécialiste si j’avais été là. Hors ce n’est pas de ça dont elle avait besoin mais plutôt de quelqu’un qui sache gérer ses émotions et écouter/absorber les siennes.
Je l’ai tout de même accompagnée pour une séance de chimio, la seconde. Et cela m’a fait du bien dans le sens où je voyais que ses messages n’étaient pas de simples mots juste pour nous rassurer mais qu’elle le vivait vraiment de manière plutôt positive. C’est  à dire qu’elle ne s’est jamais considérée comme malade vraiment mais elle a vu ce cancer comme une étape dans sa vie, un peu pénible à passer mais qui n’allait pas la déstabiliser. C’est également ce jour là qu’elle a demandé à l’infirmière de lui raser la tête car elle commençait à perdre ses cheveux. Elle m’a demandé si j’acceptais de la voir ainsi, sans perruque ni turban. J’ai dit oui de suite, sans réfléchir. J’ai pris un coup car ça rendait les choses réelles, mais en même temps j’en avais besoin car cela fait partie des étapes du cancer. Je m’y suis vite habituée.
Je pense aujourd’hui être un peu plus sereine face à tout ça et je crois que c’est elle qui m’a insufflé sa dose de positif qu’elle avait en elle. Mais quoi qu’il en soit, lorsqu’on a des angoisses, il vaut mieux en discuter avec d’autres que la personne malade car elle a besoin que nous soyons positifs de notre côté. Elle a besoin d’être soutenue et que chacun gère ses angoisses.

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