Voilà maintenant trois mois que l’annonce de la rémission a été faite.
Pour être honnête, je pensais qu’après 3 mois de la fin de la chimio et 6 mois après l’opération, je serai bien plus en forme. Je me bats encore contre les effets secondaires de l’opération, notamment digestif. Une semaine de vacances dans les Hautes-Alpes, une semaine malade. L’avion également est une épreuve. Mon système digestif ne supporte pas le changement d’air et surtout l’altitude. Pratique…
De retour à Paris, il continue à faire des siennes… Le chirurgien vu en juillet n’a, je cite, « pas de solution à m’apporter sur ce sujet ». Il faut « attendre ».
L’avastin également, réputé sans effet secondaire, m’a fait découvrir les contractures musculaires au niveau des trapèzes. Un vrai bonheur. Certains jours, je dois me contorsionner pour retirer mon tee-shirt.
Difficile donc cette « après rémission » au niveau physique. Je reste très fatiguée.
Après le moment de « flottement » vécu pendant la cure thermale en juin, je me suis remise dans l’action: « Ok maintenant on fait quoi? ».
Vaste question surtout quand son corps nous rappelle constamment qu’on est pas « sorti d’affaire », on traîne son corps comme un boulet.
Une des questions à répondre rapidement concerne le travail. Beaucoup de chose ont changé de ce côté là. Il s’est passé beaucoup de chose pendant mon absence. Aujourd’hui, vu de l’extérieur, on ne m’attend pas vraiment là bas. On m’a même complètement « oublié ». Une personne a été recrutée pas officiellement à ma place (pas le même titre de poste) mais physiquement à ma place (avec toutes mes missions et surtout le management de mon équipe). Lors d’un apéro avec mes collègues la semaine dernière, c’est ce qu’il m’est revenu aux oreilles et cela est peu étonnant. Mes collègues sont même très « remontés » et me disent carrément de prendre un avocat et me battre.
Oula on se calme ! Je viens de passer 10 mois à me « battre » contre un crabe, je n’ai pas forcément envie de continuer contre d’autres !
Force est de constater que l’on ne m’attend pas. Autant prendre les devants et se décider sur quoi faire après.
Une foule de question m’arrivent en même temps: Est-ce que je reste sur le même métier ? Je l’adore mais j’ai toujours été attirée par la RH. Pourquoi pas ? Est-ce que je change d’entreprise ? Si oui, est-ce que je dois suivre le conseil de mes collègues ? Est-ce que je teste de revenir dans mon entreprise car j’y ai le plus grand droit.
C’est un gros sujet.
Le cancer se rappelle à moi régulièrement par de petites choses. Je suis régulièrement appelée par des agences de recrutement (je suis dans un secteur où cela marche comme ça, même quand on vient juste de changer d’entreprise). Une des agences m’a demandé de lui fournir une attestation de sécu (je ne comprends pas pourquoi) mais surtout ma dernière feuille de salaire. Autant l’attestation on peut faire disparaître la mention ALD, sur la feuille de salaire, compliqué de faire disparaître le fait que je suis en arrêt maladie.
La question de la suite et notamment des « enfants » me revient sans arrêt. Je me pose 10 milles questions. J’ai envie d’être mère mais je ne peux plus le devenir par moi-même. Je me suis même renseignée pour voir si et comment on pouvait adopter seule. C’est au final débile car cela n’a rien à voir avec mon projet de vie, celui qui existait avant que je tombe malade et qui reste encore plus présent aujourd’hui: Je veux fonder une famille, pas juste devenir mère.
De façon plus futile, j’ai des envies soudaines puis qui disparaissent: Est-ce que je prendrais pas des cours de chant ? Ou reprendre le piano ?
Mon cerveau tourne à mille à l’heure puis change d’avis, et rechange etc.
Lors de ce fameux apéro avec mes collègues, j’ai eu une discussion avec l’un d’entre eux. C’était l’une des premières fois où je me présentais sans turban avec mes nouveaux cheveux. Après 2 mois et demi de repousse, ils sont très courts mais ne paraissent plus être issu d’une chimio! Une vrai coupe même très courte. Ce collègue me dit: « Ca te va bien les cheveux courts. Par contre, n’oublie pas de te maquiller sinon on peut te prendre pour un mec ou pour une lesbienne ». Un phrase tellement débile… Déjà parce qu’aucune de nous, kfighteuse, n’a vraiment bien vécue perdre ses cheveux. Ensuite parce que je me rends compte que les femmes ont droit aux préjugés des gens avec une simple coupe courte de cheveux.
Merci également pour la confiance en soi, déjà bien ébranlée par la maladie et qui vacille à nouveau avec ce genre de phrase!
La discussion se poursuit. Je suis fatiguée, je les regarde se déhancher sur la musique. « Tu devrais vivre l’instant présent, profiter pour faire des choses que tu aimes, ne pas faire de projet ». Je lui réponds: « Vivre l’instant présent, c’est le postulat quand tu es malade, tu vis les choses les unes après les autres ». Comment expliquer à une personne qui n’a pas vécu cela que les projets, c’est ce qui me fait avancer après des mois de « pause ».
Je me rends compte que je suis bien déphasée par rapport à mon entreprise et les discussions.
« Il faut laisser du temps au temps », message envoyé par ma psychologue. Je ne suis visiblement pas prête ni à reprendre le boulot, ni à reprendre une vie « normale » avec ces effets secondaires et la fatigue persistante.
Top ton article 🙂 Pour être passée par là, l’avastin m’a laissé de nombreuses séquelles musculaires et articulaires (#mamie). J’ai repris le travail pendant mes traitements l’an dernier en mai (j’ai fini l’avastin cette année en avril) et je ressens un immense abysse entre mes collègues et moi, comme si on fonctionnait à deux vitesses différentes. Donne toi le temps de savoir ce que tu veux faire et ne pas te précipiter car le travail draine beaucoup d’énergie dans un puits déjà presque tari. Des bises. Bonne continuation.
Merci Laura ?
C’est chouette de pouvoir partager ça. On se sent moins seule ?
Coucou déçue de m apercevoir que le retour à la réalité n ai pas difficile que pour moi, effectivement il faut apprendre a vivre encore et toujours avec des douleurs, le boulot c est le bins, les collègues dur dur d entendre des choses qui ne correspondent pas a NOTRE réalité. De tout coeur avec toi, ta copine de même professeur Bisouilles.Laurence.
Salut
Désolée pour le retard de réponse. J’ai pris un peu de temps loin de du blog 🙂
Physiquement cela va beaucoup mieux. C’est effectivement le reste qu’il faut appréhender.
Mon retour en entreprise est extrêmement compliqué (il n’y a plus de place pour moi).
Mais l’important, c’est que tout va bien, et que le CA125 reste tranquille ! 🙂
Bises