Et oui, quand on s’arrête du jour au lendemain pour se concentrer sur la guérison, que devient le boulot dans tout cela ?
Doit-on en parler en interne ?
La réponse à cette dernière question est arrivée à moi sans que je le veuille !
En effet, j’avais parlé de mon souci de santé à mon chef, un sujet délicat et dans une période également délicate au boulot, je me devais de le tenir au courant que je serai absente quelques temps. Mais voilà, les rumeurs commençaient à tourner à la machine à café « je crois qu’elle a un cancer »….Un ami collègue m’a appelé pour m’en parler. Voilà, l’information m’échappait même si cela n’était que des « suppositions » ou rumeurs… Je ne contrôlais plus sa diffusion avec ce genre de rumeur à la machine à café. Il a fallu donc que j’en parle à mon équipe. Il fallait que je les tiennes au courant et je ne voulais surtout pas que l’information vienne d’une autre personne, d’autant plus via des rumeurs. Cela m’a donc obligé à en parler…
Des mois après, encore sous chimio, un contact pro d’une autre entreprise m’appelle pour prendre des nouvelles. Je comprends dans la discussion que la communication en externe m’échappe aussi.
Conclusion: On ne maîtrise jamais la communication nous concernant, même sur un sujet aussi personnel que celui là.
Au delà de ce sujet « communication », cette partie a beaucoup bougé dans ma tête. Avant d’être diagnostiquée, je m’impliquais corps et âme dans mon boulot, à en oublier ma vie perso. Un boulot où j’étais en permanence stressée et cela m’a beaucoup usé et usé mes proches à force de leur déverser mon stress. Certaines études montrent qu’il y a un lien certain entre le stress et le développement d’un cancer…
Avant de me faire opérer, pendant le premier cycle de chimio, je préparais mon retour dans mon entreprise. Le basculement s’est fait pendant la période opératoire. J’ai réellement pris conscience à ce moment là de la maladie alors que c’est également le moment où j’en ai été guérie puisque le chirurgien a pu retirer l’ensemble des cellules cancéreuses. Pourtant, la révélation s’est surtout faite ici.
On change de perspective, d’envie… Les priorités changent, les envies professionnelles aussi.
Il faut se laisser le temps aussi de décider ce que l’on va faire et comment. Lors des traitements, on a la tête dans le guidon, on avance examen après examen, chimio après chimio. L’idéal est de se laisser du temps après les traitements pour mettre tout cela au clair dans nos têtes (si financièrement c’est possible, ma prévoyance me permettait d’avoir 90% de mon salaire une fois en arrêt, cela m’a permis ce temps de réflexion). Mon oncologue et ma psychologue ont rapidement compris cet aspect.
Ce n’est pas parce que l’on est ENFIN en fin de traitement que tout est terminé et qu’on peut reprendre le cours de notre vie. Encore faut-il savoir ce qu’est notre vie après cette expérience avec cette épée de Damoclès de la récidive au dessus de la tête. Mon oncologue comme ma psychologue m’ont accompagné très justement sur la suite.
Je me reconnais dans tes lignes quand tu dis que les priorités changent, j’étais très bosseuse aussi, beaucoup trop et beaucoup trop de stress également, j’en suis venue à me dire que le travail et le mode de vie à Paris m’à usé et peut être même déclenché mon cancer.
Je prefère pas lier mon mode de vie avec le déclenchement du cancer mais plutôt un signe me disant que je devais changer de direction. Je préfère voir cela d’un côté positif: C’est un message, je ne suis pas totalement « moi », il faut que je change de direction.